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A propos de Genèse 15, deux descendances, deux terres

Dernière mise à jour : 20 mars

Abraham est ces deux fils
Abraham est ces deux fils

Dans le récit de l’alliance de Dieu avec Abram, il est question d’une terre promise à la descendance du Patriarche. La terre promise est une notion qui existe dans la Bible depuis à peu près trois millénaires, sans parler de la tradition orale qui précède l’écrit, laquelle remonte encore plus loin. Que l’on soit croyant ou pas, ces quelques versets constituent l’affirmation incontestable du lien spécial que la descendance d’Abram entretient avec cette terre depuis la nuit des temps. Tout au long des siècles, dans tous les pays de la dispersion et quelles qu’en soient les vicissitudes, la conscience juive a gardé un attachement très vif pour ce territoire au point d’attribuer une valeur religieuse au fait même d’y vivre. Ce lien n’est pas seulement patriotique, il revêt une dimension spirituelle. Il est d’une autre nature que l’attachement normal au pays des ancêtres parce que la terre est ici promise par Dieu. Ce n’est pas une simple donnée politique mais une donnée qui entre dans le projet divin. Toutefois la Bible n’est pas un cadastre et les géographes peuvent à bon droit s’interroger : « Depuis le Nil jusqu’à l’Euphrate » c’est vague. Surtout l’étendue est gigantesque. Elle va de l’Égypte jusqu’à l’Irak en passant par la Jordanie et l’Arabie saoudite ! Qu’est-ce à dire ? Pour comprendre, il faut avancer un peu dans le récit biblique jusqu’à la naissance d’Ismaël au chapitre suivant. Vous connaissez cette histoire. Au départ, la promesse de Dieu est formelle. Abram aura un fils de son épouse Sara et sur ce fils reposera la promesse. Mais le temps passe, toujours pas d’enfant. Sara, rattrapée par l’horloge biologique, improvise. Elle fait intervenir une coutume de Mésopotamie qui voulait qu’en cas de stérilité l’épouse légitime eût la possibilité d’offrir une concubine à son mari tout en conservant son statut privilégié. Ismaël, fils de la servante égyptienne Agar, vient au monde et grandit. A ce moment-là Dieu répète son alliance avec Abram. Avec une différence notable : la terre promise est cette fois réduite au seul pays de Canaan, soit grosso modo l’Israël actuel (ch 17). La raison de cette modification est simple à comprendre. Devant la situation créée par la naissance d’Ismaël, Dieu révise ses dispositions en partageant la terre. Il dote les enfants d’Ismaël en faisant en sorte de garder l’héritage vacant pour les enfants d’Isaac, dont la naissance est encore à venir. Tout se passe comme si personne ne devait être lésé, même ceux qui n’étaient pas prévus au départ. Il se dégage de cette remarque deux vérités bibliques essentielles. La première éclaire l’élection d’Israël, un motif sujet à bien des contre-sens. L’élection d’Israël est un choix divin qui ne fait d’ombre à aucun autre peuple. En l’espèce Ismaël, dont une tradition veut qu’il soit l’ancêtre des arabes, n’est pas l’élu mais il n’est en rien un exclu. Il est l’objet explicite de la bénédiction divine et il prend sa place dans la providence générale. Dieu réserve une destinée particulière au peuple qu’il a choisi en même temps qu’il veille sur tous les autres. Il n’y a donc pas de motif pour la jalousie ou la rivalité. Dieu est le Dieu de tous parce que Dieu est le Père de tous. La seconde vérité porte sur la fraternité. La Bible accorde une très grande importance à ce problème. Pensez à Caïn et Abel, Jacob et Ésaü, Joseph et ses frères ou encore la parabole des deux fils en Luc 15. Souvent dans l’histoire comme dans nos vies personnelles le fait d’être frère ou sœur est une source de conflits. Notre responsabilité consiste à dépasser ce conflit en réalisant ce que veut dire le fait d’être frère ou sœur par la reconnaissance mutuelle. Alors nous pouvons comprendre qu’il y a de la place pour tout le monde sur cette planète. Personne n’est en trop. Chacun devrait pouvoir vivre en paix et en sécurité à côté de ses voisins. Pour parvenir à ce but, nous avons à réaliser la fraternité véritable. Or l’actualité terrible montre que nous en sommes encore loin. L’amélioration de soi est toujours à reprendre et la méthode toujours identique : Tu aimeras ton prochain comme toi-même…


Pasteur Vincent Schmid à l'occasion du "Dies Judaïcus" le dimanche 16 mars à l'église Jean XXIII. Messe célébrée par l'abbé Alain-rené Arbez.

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